Sticky Situations with Troubles

Feu Robertson

PS 031 / album LP 2x12" / 2016
PS 031 / CD Digisleeve / 2016

A « hipnoise » music, full of Wild Post-Rock, enchanted waltzes, loud crackling antifolk, decadent Krautrock and delicate noise.

Une musique « hipnoise » pleine de post-rock sauvage, de valses enchantées, d’anti-folk aux crépitements sourds, de Krautrock décadent et de noise délicate.


Feu Robertson traîne dans ses pas un univers toujours arty, sauvage et romantique. Un rock de nuit pluvieuse et d’arrière-cour, décomposé, hébété, marqué au fer rouge et trempé à l’art contemporain. Un rock de factieux, d’insurgés, de mutins, dans l’humilité et l’insolence du vrai dandysme. Un rock de cure de désintox, de désolation, de résidence entourée de barbelés électrifiés. Un rock de no man’s land sombre, malade et dangereux, entre rage et retenue.
 
« Sticky Situations with Troubles », c’est de la musique languide et rugueuse, une délicatesse d’écriture et de production lo-fi sans esbroufe. Ce second album studio des trublions rémois (depuis le début du projet en 2010) est une quintessence de rock fragile portée par un chant éthéré… entre slow-rock et psyché! Il porte également leur marque de fabrique à travers ses morceaux ‘puzzle’, comme autant de petits court-métrages où des orages électriques viennent parfois gronder et faire trembler le décor.
 
Parmi les références plastiques et littéraires présentes dans l’album, le morceau On the Boundary fait écho au film La soif du Mal d’Orson Wells, tandis queBallad of Loli résonne comme une résurgence du roman Lolita de Vladimir Nabokov.
Sur le plan musical, c’est touffu ! Il faudrait pouvoir imaginer Songs Ohia qui enregistre avec Spacemen3 !? Avec un peu de la candeur d’Elliott Smith, de l’urgence de Shipping News ou de l’évidence de Gris Gris
 
Le son du groupe, comme ses influences, se partage entre l’indie américain, le kraut germanique et la noise anglaise. L’album se déploie, notamment, à travers le son déchirant et rayonnant des guitares qui irradient et constellent son ciel, entre bends, couches de sons distordus, dissonances harmoniques et le fameux son clair de la guitare rythmique qui sert de pivot. Pour compléter le travail du groupe, on retrouve toute une palette d’instruments tels que les flutes ou le violoncelle.
Tout ici apparaît et disparaît, par petites touches sur le mode de l’impair, au gré de morceaux aux architectures complexes, où l’on retrouve un même goût des structures à tiroirs, des tempêtes, des transes ou des contrepoints déceptifs. Mais à la complexité des constructions répond une non moins apparente simplicité des arrangements. Et l’on retrouve ici cet étrange paradoxe où le minimalisme (des arrangements) œuvre finalement à plus d’hypnotisme, telle la lande des sœurs Brontë.
 
Charlemagne Ganashine signe toutes les lyrics et les compositions. Les paroles forment un kaléidoscope où se télescopent des bouts de phrases, des idées, des gimmicks comme un patchwork souvent surréaliste. Quant à la musique, elle abat ses cartes une à une comme autant d’étapes d’un voyage labyrinthique, pour nous frayer un chemin vers une improbable banquise tropicale où l’on finirait par perdre ses repères terrestres. Se perdre. Avec cet enivrant parfum de fête fanée que l’on retrouve aussi dans la musique deMovietone. Avec ces mélodies qui évoquent une lointaine malédiction ou une danse oubliée. Car la musique de Feu Robertsonévolue sans cesse, en neurasthénie lumineuse, en papillon de l’obscur, en magie des jours simples. Ses vastes complaintes répétitives, ses boucles sinueuses et ses breaks pétrifiés semblent ne devoir toujours déboucher que sur des refrains fatigués et des pièges gracieux en forme de fuite immobile, mais toujours tellement cinématographiques.
A force de mots ululées et de mélodies transperçant la nuit, ces morceaux racontent une quête, pleine de sens autant que d’évidence. Comme si le chant incantatoire faisait lentement et inconsciemment remonter les questions en nous.
Et s’il ne devait rester qu’une étrange impression de picotements sur la peau ?

Album LP 2×12″

CD Digisleeve

Feu Robertson leaves in its wake an arty, savage and romantic universe. A rock from rainy nights and backyards. Decomposed, dulled, branded and dipped in contemporary art. A rock of dissidents, insurgents, in the humility and the arrogance of genuine dandyism. A rock like a detox from sadness, from a residence surrounded by electrified barbed wires. A rock from a dark, sick and dangerous no-man’s-land, between fury and restraint.
 
« Sticky Situations with Troubles » is a languid and rough music with a delicacy of writing and lo-fi production – all without fuss. This second studio album is a quintessence of slow and psychedelic rock. The long and labyrinthine tracks are like puzzles and several ‘sequence-shots’ are a Feu Roberton trademark, as in so many short films where electric thunderstorms come sometimes to blow up and to shake the decor.
You might imagine Songs Ohia recording with Elliott Smith and Gris Gris.
 
Among the present plastic and literary references in this album, the track « On the Boundary » proposes a response to the Orson Wells motion picture « Evil’s touch » ; whereas « Ballad of Loli » resounds as a resurgence of the novel Lolita by Vladimir Nabokov.
 
The sound of the band, as its influences, is divided between the American indie, the Germanic kraut and the English noise. The album spreads through the heart-rending and shiny sound from guitars, between bends, distorted sounds, dissonances and clear sound of rhythmic guitar.
Everything appears and disappears, in small and simple acts, in natural arrangements supplying the very different pieces with a complex architecture like an episodic novel. Minimalism works for hypnotism here.
 
Lyrics and music are by Charlemagne Ganashine, creating a kaleidoscope of sentences, like a surrealist patchwork. This music is a loud path towards an improbable tropical ice floe where we would eventually lose our landmarks.
Losing oneself with this intoxicating flavor of a faded party also found in Movietone’s music. These melodies evoke a distant curse or a forgotten dance…. maybe. A music from bright depression, butterflies of the dark, magic of simple days. These vast repetitive laments, these sinuous loops and petrified breaks often finish in a tired chorus and graceful traps (with a shape of motionless flight), but yet so cinematic.
By means of hooted words and melodic night flights, slowly and unconsciously, these pieces tell of a quest of redemption after a burning love.
And what remains is only a strange itchy impression on the skin?