ALBUMS

Oui Mais Non

post rock et krautrock

 

Cyrille Michaut                         Guitare

Xavier Poittevin                        Basse

Bastien Loufrani                       Batterie

Karim Belarbi                          Vibraphone

Oui Mais Non, c’est un rock instrumental. Tantôt égaré en pleine savane, tantôt stoïque, tantôt frénétique, qui vogue tel une carpe dans des ruisseaux noise.

Oui mais non, c’est une partie de ping-pong sans arbitre et sans règles qui dure depuis plus de 10 ans. Oui mais non, c’est aussi une réponse à de Gaulle quand il affirmait: « Si ces jeunes ont autant d’énergie, qu’on leur fasse construire des routes « . Oui mais non, c’est un groupe de rock aimant errer, flaner, rêver, s’égarer et changer d’avis. Entre envolés psychédéliques et rythmiques captivantes/entêtantes, ces quatre lillois d’adoption n’ont de cesse de placer la prise de risque au cœur du processus de composition. Puisant ses influences dans la dense constellation de groupes post-rock outre-atlantiques des 90’s et 00’s  (slint, tortoise, transam, don caballero), comme dans le formidable vivier des musiques de transe teutonnes (can, neu!, kraftwerk), ou encore dans l’afro-beat et le post punk 80’s.

 

Ecoute / Vidéo

https://ouimaisnon.bandcamp.com

Discographie

Presse

Oui Mais Non, du rock instrumental avec du vibraphone. On pourrait à la va-vite l’étiqueter post-rock bien que l’on ne sache pas trop ce que cela veut dire et du coup, ça pourrait lui aller comme un gant. Oui mais non. Ça n’en est pas complètement, ça l’est tangentiellement. On ne se retrouve pas pile dans les contrés défrichées par Bark Psychosis ou Tortoise, c’est trop resserré dans le temps, trop incisif, pas assez éthéré et ça ne frôle jamais l’ambient. Des Engins fraie bien sûr dans ces eaux-là mais reste le plus souvent en périphérie. C’est aussi très labyrinthique dans sa façon de fondre les morceaux les uns dans les autres et le vibraphone adoucit les attaques de la guitare, du coup, l’ensemble se montre très aérien. Il suffit de lire les tags qui égayent leur bandcamp pour comprendre qu’on aura beau tenter de l’étiqueter, on n’atteindra jamais l’exhaustivité : «rock free noise garage instrumental jazz post-rock wave etc.».

 C’est technique mais ça ne donne pas du tout l’impression de l’être, preuve que l’essentiel se passe ailleurs. Cet impalpable, c’est peut-être aussi le vibraphone qui inonde les morceaux tout en restant suffisamment discret pour ne pas déborder sur le reste. On ne le remarque pas forcément mais s’il n’était pas là, il manquerait vraiment quelque chose. Il apporte beaucoup de singularité et d’élégance à Oui Mais Non.

Ce petit truc en plus, c’est sans doute aussi cette voix qui habite deux morceaux. Celle de Carl Sonnenfeld, également maître de ses mots. Cinglantes et déclamatoires, ses apparitions sont assez rares et du coup, à chaque fois qu’elles arrivent, on s’accroche à elles et les instruments semblent faire de même en étant plus en retrait. En sus, pas de pseudo-poésie rédhibitoire à l’horizon mais des textes suffisamment forts et assénés avec suffisamment de conviction pour qu’on ait très envie d’en entendre plus. Horace, Situation Intenable diffuse ses pensées parallèles à l’autoroute dans un environnement qui renvoie autant à la noise sèche qu’au spoken word, les chœurs nous amenant bien haut au-dessus des cimes disloquées. Niet est un poil plus arraché et urgent, tout aussi prenant. « Nuage nucléaire à haute nuisance qui parasite le gris métal du ciel », crié avec une telle fougue qu’on sent bien en quoi « c’est une nécessité ». Deux beaux titres qui n’éclipsent pourtant pas la haute tenue du reste qui se passe invariablement de mots mais dont on comprend paradoxalement tout à fait le propos.

 Oui Mais Non ne se presse pas, prend le temps de laisser vibrer son vibraphone, de tapisser l’espace des ondes caoutchouteuses de la basse et de celles plus incisives de la guitare, de laisser la batterie distribuer précautionneusement ses tchak et ses poum. Tout ce qu’il fait, tout ce qu’il joue et dit, il le fait, joue et dit avec une égale conviction. Dès lors, rien à faire, on est captif Des Engins. Les titres se succèdent, développent leur lot d’idées, certains recroquevillés sur la tension (Foutre Lièvre ou Menthols par exemple), d’autres plus introspectifs, préférant ouvrir les fenêtres en grand pour laisser rentrer l’ouverture (Magnum ou le magnétique Zambèze) et le tout de se terminer sur un Gaëtan plus cinglant qui offre un bel épilogue à un album dans lequel on aime décidément beaucoup se perdre. Et puis Oui Mais Non a beau varier ses angles, il ne se dépare jamais de sa cohésion, une patte qu’il développe maintenant depuis plusieurs disques (deux formats courts, deux longs en incluant celui-ci). L’amalgame kraut-noise incisif des débuts s’est aujourd’hui considérablement aéré mais reste foncièrement toujours le même, les morceaux sont plus courts désormais tout en continuant à viser l’emmêlement et l’agrégat.

 Oui Mais Non vient d’accoucher d’un beau document sonore, tout à la fois libre et méticuleux. Joliment emballé sous une pochette qui rappelle de loin un Klimt fauve (signée Gen Del soN), Des Engins montre une vraie densité et ne se dépare jamais de sa justesse. Plus, c’était trop, moins, ce n’était pas assez. Juste ce qu’il faut.

Leo Luce / indierock.mag.com

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